Mai.

soir.

La journée se termina. Chaque camps épuisé, préféra arrêter le combat pour ce jour.

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Le soir l'adjudant Vieljeux vit arriver le père Buisson. Ce qui restait de l'escadron se reposait, en compagnie d'une section de fantassins polonais et d'une poignée de tirailleurs africains à quelques centaines de mètres des lignes occupées par les rescapés de l'armée allemande. Elle s'étaient réfugiée comme un fauve bléssé sur une éminence, portant les traces de vielles mines de fer, derrière un ancien pont de pierre étroit.

Mince et droit, pourvu d'une abondante barbe blanche de patriarche, souvenir de son passage dans le légion étrangère, le père Buisson , un vieux jésuite, médecin volontaire, avait l'habitude de s'appuyer sur un bâton. Il avait connu les combats de l'autre guerre. Il avait entendu de première mains les récits de prêtres et d'officiers polonais et belges, sur les horreurs nazis et auparavant ceux des réfugiés espagnols sur les exactions franquistes. En Afrique il avait soigné les victimes de conquêtes coloniales, des guerres tribales, des révoltes.

Il savait pas ses frères jésuites, ce que le régime nazi accomplissait dans ses camps.

Il contempla la ligne adverse. Tremblant de passion. le regard brillant. Puis il frappa le sol de son bâton et cria d'une voie forte <<Non! Vous ne passerez pas! Flammes de l'enfer, feux de la haîne et du mépris. Car ces hommes sont le feu sacré de la Liberté, le feu sacré de la Fraternité et de l'Amour. Ce feux est plus fort que le vôtre. Vous ne passerez pas! Cette fois, nous sommes prêts, et vous n'apporterez pas votre malédiction chez nous!>>

Pas besoin de parler français pour comprendre.

Plusieurs polonais se signèrent. Des sénégalais s'agenouillèrent, suivis des français. Tous, frères d'armes, pleuraient de fatigue, d'espoir et de joie. Ils pleuraient leurs morts , mais aussi leur vie et ce que leur faisait voir le vieux prêtre.

L'adjudant Vieljeux, bien que libre penseur avant guerre, compris cet instant là, ce qu'était la foi. Il regarda les hommes autour de lui, unis dans un combats pour l'humanité entière, et il compris ce qu'était l'espérance.

Il regarda le tablier blanc du père Buisson, tachés par les hommes agonisants qu'il avait assisté, et il compris ce qu'était la charité

Et il su que le monde ne serait plus comme avant.