Vendredi 14 octobre à 18H30
Bien qu’elles ne soient pas les seules à l’avoir permis, les sciences
physiques (micro-électronique, lasers, batteries, écrans plats, …) ont
facilité l’émergence puis l’explosion de l’Internet, du multimédia et
de la téléphonie mobile. Contribuant ainsi à la naissance de l’Homo
Numericus, les scientifiques l’ont peut-être insuffisamment sensibilisé
à l’impact énergétique et environnemental de ces technologies ?
Celles-ci peuvent-elles être réellement « durables » au sens planétaire
? Quelques exemples et éléments d’analyse, tendront à ouvrir un débat
sur cette problématique.
Vendéen d’origine, Jacques Roturier est arrivé à Bordeaux en 1955 pour
y entreprendre des études d’ingénieur. Assistant à la Faculté des
Sciences en 1960, puis Maître de Conférence et professeur à l’IUT où il
a créé le département Mesures Physiques, il a été jusqu’au début de
l’année 2005
Physicien nucléaire pendant la première partie de sa carrière, il s’est
progressivement intéressé aux politiques énergétiques à partir de 1973,
s’y investissant totalement dix ans plus tard en obtenant d’être mis à
disposition de l’AFME (Agence Française de Maîtrise de l’Energie)
durant trois ans.
Lors d’une année sabbatique effectuée en 1986-1987, au laboratoire
Lawrence de Berkeley (Université de Californie), il a été l’un des
mousquetaires(qui étaient quatre bien entendu) à analyser la
bureautique (on dirait maintenant l’Internet) comme un nouveau, et très
important, secteur de consommation d’électricité.
A son retour, continuant cette analyse dans le contexte européen et
national de la MDE, il a simultanément mis en place, dans ce même
contexte, le Programme ECOCAMPUS ayant pour objectif la mise en place
dans les universités d’une gestion prenant explicitement en compte les
aspects quantifiables du développement durable : Energies/Eau/Déchets
pour des raisons qui tiennent, aussi et surtout, à l’éthique et à
l’exemplarité.
En France comme dans d'autres pays du Nord, la Société de l'Information
supplante l'ère industrielle à un rythme sans cesse accéléré, sans
doute le plus rapide qu'aucune autre mutation de l'ensemble de
l'humanité. Si, l'Homo Numericus devient ainsi le plus récent avatar de
l'Homo Sapiens Sapiens, les inéluctables conséquences de l'avènement de
l'ère numérique sont pour une large part inconnues. Les enjeux
politiques, économiques et sociaux qui en résultent, étant hors de son
champ de compétences scientifiques, le physicien n'est donc pas,
ès-qualités, qualifié pour en juger. Par contre les outils dont il
dispose, du fait même de sa pratique professionnelle, lui permettent
d'apporter des éléments d'analyse - qualitatifs mais aussi quantitatifs
- à quelques-unes des graves questions que se posent tous les citoyens
... et des réponses que fournissent les medias.
Le parcours proposé, balisé par quelques observations précises et des
données récentes, abordera certaines de ces préoccupations. Ceci sera
fait par le biais du cas - particulier certes mais combien révélateur -
des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC). Leur
usage systématique (le « tout-numérique ») génère de très importants
besoins énergétiques et contraintes environnementales qui, bien que mis
en évidence il y a presque 20 ans, sont encore habituellement occultés
! On y verra, par exemple, comment l'interrogation : Quelle électricité
pour les TIC ? ) à laquelle l'image de l'iceberg s'applique assez bien,
pourrait permettre une ouverture sur un plus large débat, à savoir la
possibilité réelle pour les pays du Sud d'y accéder eux aussi".